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Mercredi 17 Juillet 1940

Aujourd’hui rien d’extraordinaire à compter. Je m’ennuie et j’aspire au jour heureux où je marcherai sur la terre de France.

Il a fait très froid et nous avons même allumé un feu de bois pour nous réchauffer ce matin. Il a plu dans l’après-midi et comme samedi dernier, il a fallu travailler. Heureusement la pluie n’a pas duré car nous semons de la chaux et ça commençait à faire du mortier sur nos effets.


 

 

 

Vendredi 19 Juillet 1940

J’ai eu le cafard toute la journée. Sarcler ou éclaircir des betteraves n’est pas un travail qui occupe beaucoup la pensée et j’ai pensé à un tas de choses tristes ou gaies.

Ce qui me tracasse surtout, c’est de penser que depuis plus de deux mois, ma femme et ma mère sont sans nouvelles de moi.

On doit me croire mort. Pourvu que mon mois continue à être payé afin de ne pas les mettre dans le besoin.


 

Jeudi 18 Juillet 1940

Aujourd’hui il a plu toute la journée et comme l’autre fois, il a fallu continuer le travail. Nous étions dans un champs de betterave et nous sommes rentrés le soir trempés jusqu’aux os. Quelle vie.

J’ai eu le cafard toute la journée. Quand rentrerons nous dans notre douce France ? Je viens de lire dans notre canard que les lettres n’étaient pas encore distribuées. Que doit penser ma pauvre Henriette et ma mère ?

 

Samedi 20 Juillet 1940

Rien d’extraordinaire à signaler. J’ai travaillé à la batteuse toute la journée et ce soir je suis flapi. Je crois que je vais bien dormir cette nuit.

J’ai le cafard. Les jours ne passent pas vite. Quand est-ce que j’aurai des nouvelles. A chaque instant, je pense à ma femme, mon petit Gérard, ma mère et mes frères, mais tout cela ne me rapproche pas d’eux.